Le quotidien al Khabar, proche des renseignements algériens, a publié une information, reprise sans discernement par des sites mauritaniens qui continuent à avaler – à vouloir faire avaler – toute information qui leur parvient sur leur pays qu’ils doivent pourtant mieux connaitre que tous. Pour lequel ils doivent aussi un minimum de loyauté en refusant de servir des desseins dont ils ignorent les tenants et aboutissants, en refusant de se laisser instrumentaliser bêtement.
L’information en question nous apprend qu’une unité de l’Armée algérienne a intercepté un groupe de cinq personnes qui tentaient de faire entrer une «importante quantité d’armes et de munitions» dans le territoire algérien. Parmi les cinq trafiquants-terroristes figureraient deux Mauritaniens et trois Algériens. Le journal raconte que l’opération a eu lieu à 350 km …au sud de Tindouf pour expliquer ensuite que le groupe des cinq fait partie des unités terroristes sévissant dans la région de Aïn Defla. Trois remarques s’imposent.
La première concerne le lieu de l’opération : si l’on est à 350 km au sud de Tindouf, c’est qu’on est quelque part dans l’Adrar mauritanien ! Ce manque de précision pour une information dont la source doit nécessairement être de «première main» est assez équivoque.
La deuxième remarque concerne cette région qui est effectivement un haut lieu de trafics vers le Mali, le Niger et même le Maroc : il s’agit d’une région où les indépendantistes sahraouis du Front Polisario ont la main (et le pied) ; rien ne peut se faire sans eux et sans la bénédiction – pour ne pas dire la complicité – des apparatchiks administratifs et militaires des régions sahariennes de l’Algérie.
La troisième et dernière remarque concerne le champ d’action qui serait celui du groupe terroriste : Aïn Defla se trouve à 140 km au sud-ouest d’Alger la capitale. Les cinq trafiquants se seraient donc perdus pour se retrouver dans l’extrême sud-ouest algérien, à près de 2000 km de leurs bases supposées.
Ces remarques nous permettent de comprendre qu’il s’agit d’une intoxication et/ou d’une manipulation visant à faire de la Mauritanie une base-arrière des terroristes. Une manière de faire oublier d’où viennent ces terroristes et où ils se replient quand ils se sentent en danger. Mais passons !
Pourquoi évoquer Aïn Defla ? C’est le lieu où l’Armée nationale algérienne a subi un sérieux revers il y a quelques semaines. L’attaque terroriste qui y a fait malheureusement plusieurs morts, a démontré la fragilité du système sécuritaire déployé par la première puissance maghrébine, l’Algérie qui est le pays à avoir le plus souffert du terrorisme ces dernières décennies et qui a vu en son exportation la possibilité de diminuer la pression intérieure. Pourtant le budget alloué au seul secteur de la sécurité par les autorités algériennes est un multiple du budget de l’Etat mauritanien.
Quand la Mauritanie a engagé la lutte contre les groupes terroristes qui s’installaient au Mali et qui avaient comme objectif de faire main basse sur le Sahel, aucun des pays voisins ne l’a soutenue. Au contraire ! tous ont cherché à lui mettre les bâtons dans les roues. Aujourd’hui que cette guerre préventive donne ses fruits avec notamment la sécurisation des frontières mauritaniennes et l’éloignement du spectre terroriste, des voix se font entendre pour distiller le doute et la suspicion vis-à-vis de notre pays.
La Mauritanie a une position de principe qui lui dicte la rigueur dans ses choix. Elle est sincère dans le combat qu’elle a mené et qu’elle continue de mener contre les extrémismes et le crime organisé dans la région. Elle était sincère quand elle a cru à une possible coopération régionale. Quand elle a accepté d’appartenir à l’Etat-Major conjoint des pays du champ (Algérie, Mali, Niger et Mauritanie). Quand elle mutualisait ses moyens avec les pays frères pour faire face à la menace. Quand elle ne ménageait aucun effort. Quand elle ne se retenait pas pour aller au front.
La Mauritanie est un pays dont la vocation première est l’exigence de solidarité avec les frères et voisins. La faiblesse de ses moyens et les accidents de parcours lui ont appris à compenser les insuffisances par la force de caractère et la détermination dans la réalisation de ses choix.
Ould Oumeir
Sources : Maurisahel
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