Interview exclusive avec Monsieur Sidi Mohamed Ould Beyrouk
président du club Lessiad de tir à la cible traditionnelle qui nous parle de
son expérience personnelle, des problèmes du tir à la cible et des voies et
moyens de les régler définitivement.
Tariouvete :
Monsieur Beyrouk présentez-vous à nos lecteurs.
Sidi Mohamed ould Beyrouk : Permettez-moi tout d’abord
d’adresser mes condoléances à son Excellence Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz
Président de la République, à sa famille et au peuple mauritanien suite au décès
prématuré du fils de la Nation feu Ahmedou Ould Abdel Aziz.
Actuellement je suis le Président du club Lessiad de tir à la
cible traditionnelle que j’ai créé avec des amis. Je suis un adepte du tir à la
cible que j’ai pratiqué très jeune. Personnellement j’ai reçu plusieurs
trophées dont celui de meilleur tireur lors de la coupe du Président de la
République 2014 à Oualata et le Club Lessiad a reçu des trophées très
prestigieux dont le dernier est celui de la coupe du Président de la République
en Janvier 2015 à Chinguitty.
Je compte parmi les premiers à œuvrer pour la légalisation et
l’organisation de la discipline pour laquelle j’ai consenti d’énormes
sacrifices. J’ai aussi créé la caisse Al Mouroua pour soutenir matériellement
les membres de la famille du tir à la cible qui rencontrent des difficultés
suite à des maladies, à des problèmes sociaux ou suite à un handicap.
Tariouvete: Que
pensez-vous de ce qui s’est passé à la maison des jeunes le lundi 28 Décembre
2015 ?
SMOB : Une mascarade c’est le seul
mot qui peut justifier ce qui s’est passé ce jour-là. Tout d’abord le choix de
ce jour de fin d’année pendant une journée ouvrable pour le vote est fait pour
étouffer l’année 2015 à défaut les années pour le collège électoral seront
conformément au décret 2014/2015 et là plus de 60 équipes seront en mesure de
voter, ce qui défavorise à 90% l’un des candidats, d’autre part la commission
chargée par Madame le Ministre de tutelle de préparer le vote des instances
dirigeantes de l’UMTCT s’est érigée elle-même en commission de vote ce qui est
contraire aux textes et aux coutumes.
La composition de la commission a été mise en question dés le
départ auprès de Madame le Ministre, 5 sur 7 sont issues de la même région que
l’un des candidats et l’un d’eux est juge et partie (capitaine du club du
candidat précité).
Pour commencer son travail, cette commission a laissé de coté
les dispositions du décret 118/2013 organisant le tir à la cible qui stipule clairement
et sans équivoques que le collège électoral doit se composer des équipes légalement
reconnus par le ministère de l’intérieur et ayant participé à deux tournois au
moins lors de chacune des deux dernières années.
Ces deux conditions fixées par le décret cité plus haut à
savoir l’agrément et la participation sur les deux dernières années sont des
conditions cumulatives, que tout électeur
doit réunir.
Les anomales constatées sont :
- · La commission a retenu les années 2012/2013 au lieu de 2013/2014.
- · Elle a retenu des équipes dont les agréments datent 2014 et rejetées par la commission de 2014.
- · Le rejet des clubs d’Atar et d’Akjoujt du collège électoral pour vice de forme.
- · Les représentants officiels de la SNIM ont été enlevés de la liste des votants et ont été remplacés par d’autres sensés être favori à l’un des candidats.
- · Il n’y a pas eu d’appel à candidatures et les candidatures furent instantanées.
En réalité tout le travail de la commission de Madame le
Ministre était orienté et avait un seul objectif porté l’un des candidats à la tête
de cette fédération en contournant le décret et sans se soucier des plaintes de
plus 90 équipes à ce sujet qui leurs ont été soumises.
Tariouvete :
Pourquoi vous ne vous êtes pas présentés vous-même ?
SMOB : Je ne suis pas disposé à me présenter car je soutiens un candidat que
nous lui avions conseillé de boycotter car la commission du ministère ne
répondait pas aux critères d’impartialité et de neutralité requise pour ce
genre de mission.
Dans le temps j’ai cherché à concilier les deux présidents de
l’union et j’ai lancé avec des amis des initiatives de bons offices pour
apaiser les esprits et sortir la famille du tir à la cible de ce bourbier mais
peine perdue.
Tariouvete :
Pourquoi soutenez-vous le président Mohamed Salem Ould Ely Vall ?
SMOB : En faite, c’est lors de nos deux initiatives pour
réconcilier les deux candidats que nous avions fait le point à l’unanimité
qu’il était prêt à toutes les solutions de réconciliation au contraire son
rival était catégorique et estime que toutes ces initiatives sont venues en
retard et que les choses sont déjà tranchées (en sa faveur bien sur).
On lui reconnait aussi que de Février 2009 à 2013 (4 années
du mandat de son rival), il a accepté la défaite et il n’a jamais porté la
famille du tir à la cible devant les tribunaux.
Cet esprit sportif et cette prédisposition ont été pour moi
des motifs pour le soutenir.
Tariouvete :
Quelle évaluation en faites-vous du mandat de votre candidat à la tête de la
fédération et celle de son rival le président Khattri Ould Dié ?
SMOB : Monsieur Khattri Ould Dié a fait un mandat de 4 ans plus un peu
moins d’une année forcée, sa gestion unilatérale de l’association est bien
connue par toute la famille du tir à la cible au contraire Monsieur Mohamed
Salem Ould Ely Vall son mandat est d’une année et demi dont la quasi-totalité est
prise d’assaut par les avocats de son rival en justice.
Malgré cela, on peut citer certains acquis à savoir
l’équitable distribution de la munition, les réductions importants des montants
à payer par les équipes pour leurs adhésions annuelles, les droits de
participation aux tournois, les licences de tir, etc… sans compter la masse
salariale importante allouée au personnel (plus de 16 personnes).
Je ne pourrais que lui saluer ses acquis pendant son mandat
très court et ce malgré la justice.
Tariouvete:
Pourquoi votre retrait avant le vote ?
SMOB :Réellement il n’y a pas eu de retrait à proprement parler, le
comportement de la commission du ministère de tutelle nous a tout simplement
poussés vers la porte de sortie, le jeu étant fait et les dés pipés.
Tariouvete : Que
comptez-vous faire ?
SMOB : A mon niveau personnel j’ai des contacts avancés avec les différentes
équipes du tir à la cible qui sont mécontentes de ce qui s’est passé et qui ne
se retrouvent pas dans les instances nouvellement élues.
Monsieur Mohamed Salem Ould Ely Vall le candidat que je
soutiens compte porter l’affaire devant les juridictions mauritaniennes
compétentes et il s’est déjà entouré des meilleurs avocats du barreau de
Nouakchott.
Tariouvete : On
dit que le tir à la cible concerne une seule partie de la population…
SMOB : Je n’ai jamais regardé les choses sous cet angle-là, moi le
tribalisme, le régionalisme et le communautarisme ce n’est pas ma tasse de thé.
Une chose est cependant sure : cette discipline est ouverte à tous et
aucun groupe n’a été rejeté pour des appartenances données.
Tariouvete :
Quelles solutions préconisez-vous pour le règlement des problèmes du tir à la
cible ?
SMOB : L’affaire étant porté malheureusement de nouveau devant les
tribunaux, nous nous attendons à ce qu’ils rétablissent les choses dans leur
cadre normal et annule les travaux de ce lundi qui n’ont aucune valeur légale.
Une fois les élections annulés, l’Etat doit organiser des
journées de concertation auxquelles toute la famille du tir à la cible
participe, en reprenant les textes qui régissent la discipline et en donnant le
droit de vote à toutes les équipes (en abrogeant le décret 118/2013), nous
pouvons ainsi repartir sur de bonnes bases, des bases solides en organisant des
élections transparentes et loyales.
Tariouvete : Un
dernier mot ?
SMOB : J’ai déjà dit à Madame le Ministre et je le dit une fois de plus
à toute la famille du tir à la cible que l’on n’est pas sorti du bouclier et
nos problèmes de fond ne sont pas réglés au contraire ils sont devenus plus profonds
et plus complexes. Plus de 124 équipes agrées sont privés de leur simple droit
de vote par ce décret et ceux qui ont le droit de voter aux termes du même décret
ont été rejetés ou changés quant à d’autres y ont été intégrés.
Je dirais enfin que pour une solution durable, il faut
réconcilier le décret avec le droit de vote de toutes les équipes agrées, en ce
sens Victor Hugo disait : Le droit et la loi, telles sont les deux forces:
de leur accord nait l’ordre, de leur antagonisme naissent les catastrophes.
Interview réalisée par SOH
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