Pour faire face à la crise économique et financière ambiante, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a sans doute pensé à mettre en place un plan B, qui s'exécute comme stratégie de crise, non pas au niveau du gouvernement mais de la Présidence.
C'est le sens qu'il faut donner au rappel de l'ancien ministre des Finances, Thiam Diombar, comme conseiller chargé des affaires économiques et financières. Un retour aux affaires salué par tous ceux qui connaissent le parcours de « baroudeur » de l’homme de Wothie (Brakna) qui a eu à occuper, dans le passé, toutes les directions qui comptent au Ministère des Finances : Trésor, Budget, Impôts, Domaines. Ce qui n'est pas rien en termes d'expérience et de possibilité de coordonner toutes actions à entreprendre, sur le plan économique et financier, pour atténuer les effets de la crise.
On peut dire donc que le président Aziz est en train de recomposer, autour du ministre secrétaire général de la Présidence, Moulay Ould Mohamed Laghdaf, une équipe de choc faisant de celle du Premier ministre Yahya Ould Hademine une sorte de gouvernement par défaut. Pour les questions qui fâchent, il a choisi ses hommes : Ould Mohamed Laghdaf, pour « contenir » l’opposition et mener les discussions à propos du dialogue, Mohamed Salem Ould Merzoug, l’ancien Haut commissaire de l’OMVS, est probablement sur le dossier des droits de l’homme, au moment où la question de l’esclavage amorce un nouveau virage avec le vote à l’Assemblée d’une loi l’élevant au niveau d’un crime contre l’humanité. Enfin, Thiam Diombar, dont le passage au ministère des Finances a été jugé par bon nombre d’observateurs, comme l’âge d’or l’économie mauritanienne, doit reprendre en main un dossier des plus sensibles : « contenir » la crise. Certes, cela nécessite la conjugaison de plusieurs efforts mais le financier qu’il est saura donner les bons conseils pour limiter les dégâts dans une conjoncture mondiale des plus difficiles.
Car, quoi que dise l’opposition mauritanienne, l’économie mondiale vit actuellement la plus forte incertitude jamais connue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Tout peut arriver, y compris la plongée dans les ténèbres. C’est Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, qui dit pour justifier un tel alarmisme : « une croissance atone, un investissement famélique et un chômage européen, socialement dangereux, ne présagent rien d’enthousiasmant. »
Ceux qui défendent, avec bec et ongles, le gouvernement mauritanien, en ce temps de crise, peuvent donc ne pas chercher loin en se saisissant de cette sorte de « lieu commun » pour dire que la Mauritanie est logée à la même enseigne que les autres. La France, la Grèce, l’Espagne, le Portugal, pour ne citer que ces quatre pays où les prévisions de croissance sont peu rassurantes, et le chômage progresse. Sur ce plan là, au moins, les indicateurs économiques de la Mauritanie reste dans le domaine de l’acceptable : Taux de croissance annuel du PIB de 5,5 en 2015 (aux prix du marché en dollars USD constants de 2010, un taux d’inflation de 3,4% et 639,1 millions USD de réserves officielles brutes. Ça c’est le côté pile des performances économiques de la Mauritanie, confirmées par la Banque mondiale et le FMI mais souvent remises en cause par l’opposition. Côté face, le principal problème de la Mauritanie est d’avoir renoué avec la dette. Rien qu’avec le crédit IDA, le compteur affiche 596,92 millions, en 2015, dont 393,4 millions décaissés au 06/30/2015. Sans parler des montants dus aux fonds arabes et à la Chine, on peut dire que le fardeau de la dette est l’une des principales causes du ralentissement de l’économie mauritanienne. Certes, de l’avis du gouvernement, cette récession ne se traduit pas par une croissance économique inférieure à la croissance potentielle (prévisions) mais il est évident que le taux de chômage est actuellement supérieur à son niveau structurel.
Parmi les causes de ce ralentissement, il y a sans doute aussi la non exécution de certains programmes et projets ainsi que le non décaissement d’un montant important des dons de l’IDA : sur 31 millions USD, seuls 2,94 millions ont été décaissés au 30/06/2015 et 20,273 millions ont été annulés ! Avec de telles contreperformances, le président Aziz a donc compris qu’il faut se remettre au travail et que ceux qui s’y connaissent, en matière de finances et d’économie, ne doivent pas être marginalisés pour des considérations de politique politicienne.
Sources : Elhourriya
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