Edido

jeudi 18 décembre 2014

Quand la lutte contre la gabegie devient règlements de compte

Le législateur établit des lois et des règlements fixant les droits et les devoirs de tout un chacun tout comme il définit les protocoles, les procédures et les sanctions applicables en cas de manquements, de délits ou de crimes avérés. Pour parer aux excès de zèle, aux fausses accusations et aux règlements de comptes le législateur décréta que l’accusé est présumé innocent jusqu’à la confirmation de son accusation. Enfin il est à noter que le secret de l’instruction est un préalable à tout procès équitable.

 Que voyons-nous aujourd’hui ? Des procès- verbaux de police publiés par des médias en manque de sensations, des personnalités intègres et ayant servi loyalement la nation traînées dans la boue alors que la République doit leur rendre les honneurs, des hommes jetés en pâtures aux médias à scandales pour satisfaire des agendas politiques et je vous en passe, des vertes et des pas mures.

 Les dernières affaires en date sont celles de la Somelec et du Trésor public qui ont été traitées par la presse avec beaucoup de passion, de défoulement et de déchaînement. Il faut dire que les deux institutions ont un handicap majeur : elles ne donnent rien à la presse. Le trésor est certes bourré d’argent mais il n’est pas habilité à en donner. La Somelec a quant à elle supprimé le compte aide à la presse depuis le temps de ould Heyine. Il y a de quoi leur en vouloir, pas vrai ?
 Aujourd’hui des supputations, des accusations, des déclarations sont lancées avec abondance à tort et à travers. On attribue aux accusés des déclarations extravagantes et sans fondements que les intéressés dénoncent aussitôt. Il est temps que ceux qui traînent, sans raisons et sans preuves, des hommes et des femmes dans la boue rendent des comptes. Jusqu’à quand va-t-on accepter la calomnie sous couvert de sources sures, de sources averties ou de sources proches du dossier ?  Quand il y a calomnie ou préjudice moral la presse est tenue de dévoiler ses sources à la justice.
 Personnellement je soutiens le Président Mohamed ould Abdel Aziz que j’admire beaucoup mais cela ne m’empêche pas de voir les défauts de la lutte engagée contre la gabegie. Les détournements de deniers publics, les dessous-de-table et les bakchiches ne sont que les résultats des enseignements de la société mauritanienne à ses membres à savoir la recherche de l’enrichissement rapide et à tout prix. Alors en décrétant la guerre contre la gabegie c’est plutôt une guerre contre la société toute entière qu’on engage, à tous ses étages.
 Les résultats de la guerre contre la gabegie sont mitigés. Les hauts fonctionnaires de l’état vivent dans le dénuement et l’inquiétude. Ils sont privés des avantages de la fonction et ont peur du climat de suspicion et de délation qui règne actuellement. Alors redonner aux hauts commis de Etat leurs droits et des garanties quant à leur avenir et faire profil bas quant à la lutte contre la gabegie aidera à décrisper la situation car actuellement personne n’est vraiment à l’aise dans cette république. Ceux qui qui ont le vent en poupe culpabilisent, les débrouillards souffrent le martyre et le reste, c'est à dire tous les nous-zautres, tirent le diable par la queue. 
Sidi Ould Mohamed Sghaire



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