Mauriweb - L’événement continue à défrayer la chronique. ToutNouadhibou en reste abasourdi. Un incroyable abus de pouvoir pour régler des comptes personnels, au terme duquel, Meyloud se retrouva indûment dépouillé, du jour au lendemain, au vu et au su de tout le monde, de la consignation des six bateaux russes qu’il représentait durant plus de quatorze ans.
Voici le récit de cette rocambolesque odyssée tel que les initiés de la pêche vous la racontent à Nouadhibou. Le scénario commença à s’écrire au début de l’après midi du 10 décembre dernier. La Garde-côtes arraisonne trois chalutiers pélagiques et les déroute sur le port de Nouadhibou.
L’un, islandais, consigné par une société appartenant à Ahmed Mouknass et les deux autres, russes, consignés par la société SMAP de Meyloud Ould Lekhal. Les deux consignataires, c’est de notoriété publique, le puissant Conseiller du Ministère de la Pêche qui, entre autres attributions, supervise la Garde-côtes, ne les porte pas particulièrement dans son cœur et ne s’en est jamais caché.
Une fois les bateaux arraisonnés, la Garde –Côtes s’est mise à chercher un motif. Visiblement, elle paraît avoir manqué d’imagination et de mémoire.. Les faits reprochés remontaient à plus de sept mois, sans avoir été particulièrement évidents.
Mais peu importait. La volonté de leur faire payer le prix fort était préméditée, le Conseiller ne s’embarrassant pas des formes. Le bateau islandais, consigné parOuld Mouknass, fut le premier à l’apprendre à ses dépens. Au bout d’une semaine, il dut écoper d’une amende de 50 millions.
Quant aux bateaux consignés par la SMAP, l’épreuve fut encore plus longue, tant la rancune était plus tenace. Ils restèrent cloués au port pendant un mois. La Garde-Côtes refusait de traiter avec Meyloud, bien qu’il soit le représentant attitré de l’armateur, et de lui proposer une quelconque transaction.
Le temps d’infliger à l’armateur le maximum de pertes. A la fin de ce purgatoire, qui dura plus de trois semaines, elle proposa une amende de 360 millions pour l’un des bateaux, en différant sine die l’examen du cas du second, pour faire durer le supplice et multiplier les pertes.
A l’armateur, qui commença à s’inquiéter de ce traitement particulièrement dur, on fit comprendre, par intermédiaires interposés, qu’on n’avait rien contre sa société mais qu’on lui faisait payer le choix de son consignataire.
Les termes du diktat étaient clairs : Vous changez de consignataire, sinon votre société aura à écoper pour pas moins de sept cent millions pour libérer ses bateaux et le cercle infernal des arraisonnements et amendes n’aura de cesse tant que Meyloud restera votre consignataire.
De guerre lasse, l’armateur se résigna à résilier, dans la précipitation, son contrat avec un partenaire qu’il tenait en haute estime, qui l’avait introduit en Mauritaniealors qu’il n’avait qu’un bateau et qui l’avait aidé, sur une période de quatorze ans, à se constituer une flotte de six bateaux.
On lui suggéra de nommer des représentants qu’il ne connaissait pas et qui ne le connaissaient pas non plus mais qui, l’avait-on assuré, avaient leurs entrées auprès de la Garde-Côtes et seraient bien traités par elle.
Et en effet , depuis l’éviction de Meyloud, les choses marchent miraculeusement comme sur des roulettes : l’amende, un moment envisagée à plus de 7 00 millions, fut ramené à 250 millions pour les deux bateaux ; et les navires, naguère harcelés et poursuivis avec acharnement, sont devenus chouchoutés et servis en premiers .
Nombreux sont ceux qui parient que leurs PV d’infractions deviendront de plus en plus rares et le niveau de leurs amendes de plus en plus symbolique. Dans les salons des professionnels de la pêche à Nouadhibou, tout le monde connaît le dessous des cartes .
Et on dit avoir retenu la leçon : En droit, l’armateur a la liberté de choisir son consignataire mais s’il ne veut pas être persécuté, il a intérêt à supplier le Conseiller de faire le bon choix pour lui. Et on murmure que Meyloud , établi de longue date dans le secteur où il fait figure de pionnier , ayant été évincé, tous les autres opérateurs ont intérêt à ne plus dormir que d’un œil car si leur sommeil est profond , ils peuvent, au réveil, découvrir que le loup a emporté leurs bateaux ou arraché leurs usines, sans autre forme de procès.
Certains s’estimant bien informés, pensent que cette opération, sans précédent, n’est pas seulement une affaire de vindicte mais aussi d’intérêts. Le tout-puissant Conseiller, ne fait plus mystère de son ambition de faire main basse sur le secteur tout entier.
Ils évoquent une nouvelle acquisition par lui de la conserverie de MEIPP, avec des associés fantômes parmi lesquels on cite précisément le nouveau consignataire des bateaux russes, d’une société de bunkering, d’un bureau de certification et de sociétés de consignation , le tout dissimulé derrière la façade de parents ou de proches.
Le conflit d’intérêt pointe déjà quand on devient juge et partie.
Bouya Ould Cheikh
Sources : Cridem
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