Sur les rives du lac Tanganyika, la vie dans les ports de pêche a changé du tout au tout. A l’origine de cette révolution, une méthode toute simple : le séchage surélevé.
Doubler les revenus, alléger les charges de travail et améliorer la nutrition des communautés les plus modestes : rares sont les innovations qui présentent autant d’avantages pour si peu d’investissements. Le séchage surélevé fait figure de bénédiction pour les sécheurs africains.
Tout a commencé par un petit projet de la FAO dans le village de Mvugo, dans le centre du Burundi. En 2004, l’organisation fournit aux pêcheurs du village une cinquantaine de claies métalliques permettant de surélever le poisson à un mètre au-dessus du sol. La méthode compte plus d’un avantage. Le temps de séchage passe de trois jours à huit heures. Le poisson étant hors de portée des animaux, le rendement est accru, de meilleure qualité et il se conserve plus longtemps. La production peut même être acheminée dans les communautés qui vivent loin de toute source de poisson frais, un avantage non négligeable dans un pays où 60% de la population ne mange pas assez de protéine.
Claie du succès
« L’innovation s’est répandue par le bouche à oreille », explique Yvette Diei-Ouadi, spécialiste FAO des industries des pêches et superviseur technique du projet. Les communautés ont adapté le dispositif en fonction de leurs moyens. Elles ont remplacé le support métallique par des constructions en bois et le matériel viager par des filets de pêche. Résultat, le séchage surélevé est devenue la norme au Burundi comme dans les pays voisins. En l’espace d’une décennie seulement, la technique de séchage des poissons à même le sable telle qu’elle était pratiquée depuis des siècles a été abandonnée. « L’ampleur du succès nous a dépassés, raconte Yvette Diei-Ouadi. Les conséquences de cette réussite s’inscrivent même dans le paysage. On voit des claies dans tous les ports de pêche ! »
Les sécheurs, qui sont essentiellement des femmes, partagent son enthousiasme. « Je peux m’occuper de mon enfant grâce à mon affaire de commerce de poisson, se réjouit la sécheuse burundaise Pelousi Ndayisaba. C’est la seule activité qui me fait vivre ». Leurs conditions de travail ont également été améliorées. Elles n’ont plus à se baisser pour étaler les poissons. Depuis, les hommes sont plus nombreux à s’investir dans ce commerce devenu rentable.
La FAO souhaite profiter de cette dynamique pour instaurer d’autres dispositifs tels que les séchoirs solaires ou les fours de séchage et fumage pour que la production puisse se faire même en cas d’intempéries.
Léa Ducré
Sources : National Géographic
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