Cet article est la synthèse d'un des chapitres de "Mémento du Républicain" (Ed. Mille et unes nuits, 2006, 108 pages), ouvrage collectif réalisé par André Bellon, Inès Fauconnier, Jérémy Mercier et Henri Pena-Ruiz.
Si la démocratie fait du peuple le fondement du pouvoir, elle n'en indique pas vraiment le rôle. La République, dont la finalité est la recherche du bien commun, fixe quant à elle, une référence qui va plus loin que la démocratie.
Les crises que rencontre la démocratie (institutions, représentativité, principe d'égalité, universalité, libertés publiques...) trouvent leur origine dans le délitement de la "communauté politique" dans laquelle le citoyen recherche l'intérêt général. Le peuple n'est plus alors qu'un "agrégat de particularismes et d'individus différant par les circonstances, la naissance, l'origine socioprofessionnelle". La crise des banlieues a pleinement montré cette absence de liant social.
Tout comme pour la République, la souveraineté, l'égalité et la liberté sont les principes fondamentaux de la démocratie. Mais ce qui différencie la démocratie de la République, c'est que la première favorise la diversité alors que la seconde recherche l'unité. "La démocratie accorde une place spécifique aux particularismes qui composent une société car elle considère l'individu en fonction de ses intérêts particuliers, voire locaux. A l'inverse, la République recherche en permanence l'intérêt commun au-delà de ces particularismes."
Démocratie | République |
Ce qui est bon pour l'individu est bon pour ses semblables ou ceux de sa communauté. | Ce qui est bon pour l'ensemble des citoyens est bon pour chacun d'entre eux. |
Primauté de l'individu comme être isolé. | L'individu, en outre, est transcendé en citoyen lorsqu'il est dans l'espace publique. |
Priorité au domaine privé. | Séparation du domaine public et du domaine privé. |
Mise en avant de l'individualisme avec le risque du communautarisme et de replis identitaires générateurs de conflit. | Mise en avant de l'intérêt général "sans étouffer"les intérêts particuliers. La diversité culturelle, protégée et garantie, peut s'exprimer dans la sphère publique. |
Le citoyen est prisonnier des particularismes et/ou des communautarismes. | Le citoyen a les moyens de s'émanciper des particularismes. |
Les attaques contre l'intérêt général (privatisation des services publics) qui sont aujourd'hui fondées sur des doctrines économiques (comme la liberté du marché) se heurtent aux principes de la République, mais s'accommodent très bien de la démocratie. L'école, le seul endroit libre pour l'émancipation de l'individu, est en crise par manque de moyens, ce qui met en danger la République. "La mode est aujourd'hui à la dévalorisation des enjeux collectifs, de l'intérêt public ou commun au profit de la valorisation débridée de la sphère privée, perçue comme un bunker des libertés."
C'est dans la Constitution, qui fait la République française "indivisible, laïque, démocratique et sociale", que sont complétées, au profit de l'intérêt général, les lacunes structurelles de la démocratie. La République essaie de donner à tous les individus les mêmes chances de réussite car l'intérêt général contribue, au bout du compte, à l'intérêt particulier, ce que ne permet pas l'inverse.
"La démocratie est un commencement dont la République est l'aboutissement toujours inachevé."
Pierre Tourev,
Sources : La Toupie
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