Samuel Huntington, c'est lui le créateur du Fund Peace puis du Foreign Policy |
Suite à une série d'articles parus ici et ailleurs je vous livre le profil de l'un de ces hommes qui sont derrière beaucoup de nos soucis et qui se cachent derrière des titres aussi vaseux que Fund for peace, Amnesty international, human Right Watch et autres joyeusetés du genre. Ils sont tous soit d'anciens membres de l'administration américaine, CIA comprise, soit des penseurs rémunérés par cette dernière.
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Né en 1927 à New York, Samuel Huntington est un brillant étudiant diplômé de l'université Yale à dix-huit ans. Il commence sa carrière d'enseignant à vingt-trois ans à l'université Harvard, université où il travaille pendant cinquante-huit ans. Il ne cesse ses cours qu'en 20071. De tendance conservatrice[réf. nécessaire], il a aussi été membre du Conseil de sécurité nationale au sein de l’administration Carter. Il est l'auteur, coauteur ou éditeur de dix-sept ouvrages et de quatre-vingt-dix articles scientifiques traitant de sujets politiques divers : la politique américaine, la démocratisation, la politique militaire, la stratégie ou encore la politique de développement1.
En 1957, il écrit un livre sur l'armée, The Soldier and the State. Il explique que la profession militaire a pour objet le « management de la violence » ; elle échappe aux motivations économiques aussi bien qu'au patriotisme passager du soldat citoyen. Elle est faite de l'amour du métier et du souci constant de la grandeur de l'État et du bien-être de la société2.
Ses livres les plus connus dans le monde francophone sont Le Choc des civilisations, traduit en trente-neuf langues et objet de nombreuses controverses, et Qui sommes-nous ? Identité nationale et Choc des cultures. Des commentateurs ont reproché à Huntington de peindre un Occident assiégé par des civilisations hostiles alors que le monde est de plus en plus interdépendant1. Les tenants des théories d'Huntington se sont sentis confortés dans leur crainte par les attentats du 11 septembre 2001. Ce à quoi l'auteur répond : « Les événements donnent une certaine validité à mes théories. Je préférerais qu'il en aille autrement1. »
Le Choc des civilisations
Le Choc des civilisations est issu d'un article, « The Clash of Civilizations » publié à l'été 1993 par la revue Foreign Affairs et inspiré de l'ouvrage de l'historien français Fernand Braudel Grammaire des civilisations (1987). Cet article a permis à Samuel Huntington d'accéder à la notoriété. Il l'a ensuite développé pour en faire un livre, traduit en France en 1997 aux éditions Odile Jacob. Les attentats du 11 septembre 2001 ont projeté sa vision géopolitique sur le devant de la scène et déclenché une controverse.
D'après lui, les relations internationales vont désormais s'inscrire dans un nouveau contexte. Dans un premier temps, les guerres avaient lieu entre les princes qui voulaient étendre leur pouvoir, puis elles ont eu lieu entre États-nations constitués, et ce jusqu'à la Première Guerre mondiale. Puis la révolution russe de 1917 a imposé un bouleversement sans précédent, en ce qu'elle a promu une idéologie.
Ainsi, dès ce moment, les causes de conflits ont cessé d'être uniquement géopolitiques, liées à la conquête et au pouvoir, pour devenir idéologiques. Cette vision des relations internationales trouve son point d'aboutissement dans la Guerre froide, celle-ci ayant institué l'affrontement de deux modèles de société. Cependant, la fin de la Guerre froide marque un nouveau tournant dans les relations internationales.
Huntington nous dit qu'il faut désormais penser les conflits en termes non plus idéologiques mais culturels : « Dans ce monde nouveau, la source fondamentale et première de conflit ne sera ni idéologique ni économique. Les grandes divisions au sein de l'humanité et la source principale de conflit sont culturelles. Les États-nations resteront les acteurs les plus puissants sur la scène internationale, mais les conflits centraux de la politique globale opposeront des nations et des groupes relevant de civilisations différentes. Le choc des civilisations dominera la politique à l'échelle planétaire. Les lignes de fracture entre civilisations seront les lignes de front des batailles du futur1. »
En effet, les opinions publiques et les dirigeants seraient nettement plus enclins à soutenir ou à coopérer avec un pays, une organisation proche culturellement. Le monde se retrouverait alors bientôt confronté à un choc des civilisations, c’est-à-dire une concurrence plus ou moins pacifique, à des conflits plus ou moins larvés, tels ceux de la Guerre froide, entre blocs civilisationnels.
Huntington définit les civilisations par rapport à leur religion de référence (le christianisme, l'islam, le bouddhisme1…), et leur culture. Il définit sept civilisations et potentiellement une huitième : Occidentale (Europe de l'Ouest, Amérique du Nord, Australie...), latino-américaine, islamique, slavo-orthodoxe (autour de la Russie), hindoue, japonaise, confucéenne (sino-vietnamo-coréenne) et africaine.
En décryptant les prémices du choc des civilisations qu'il croit reconnaître dans des conflits locaux comme ceux des Balkans des années 1990, Samuel Huntington donne des lignes de conduite pour éviter les conflits majeurs. Ainsi il recommande aux puissances dominantes de chaque bloc un strict respect des zones d'influence. Ce qui signifie que les puissances majeures s'interdisent d'intervenir à l'extérieur de leur zone civilisationnelle.
Selon Vincent Geisser, Samuel Huntington va, dans cet ouvrage, à l’encontre des thèses véhiculées par la plupart des intellectuels français, en soulignant que l’antisémitisme d’aujourd’hui, c’est le racisme anti-musulman ou anti-arabe : « En Europe occidentale, écrit-il, l’antisémitisme vis-à-vis des Arabes a en grande partie remplacé l’antisémitisme à l’égard des juifs »3.
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