Edido

dimanche 10 août 2014

évolution récente de l’économie nationale

 


La Mauritanie vient d’achever avec succès le Programme économique à moyen terme (2010-2012) soutenu par un arrangement au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) du Fonds monétaire international (FMI). La mise en œuvre de ce Programme a contribué au rétablissement de la stabilité macro-économique et au retour de la croissance, malgré un contexte relativement défavorable tant sur le plan national qu’international. 

Ainsi, au cours de la période 2010-2012, la croissance du Produit intérieur brut (PIB) en termes réels est estimée à 5,1% en moyenne par an. Le taux d’inflation a été maintenu à 3,4% en glissement annuel afin 2012, et le déficit budgétaire de base (hors pétrole) s’est progressivement amélioré pour s’établir à 1,7% du PIB en 2012, contre 5,3% du PIB en 2009. Les réserves officielles de change sont passées de 2,4 à 7 mois d’importations de biens et service sur la période.


Dans ce contexte, 2013 a constitué une année de consolidation de la reprise économique et du rétablissement des équilibres macro-économiques réalisés ces dernières années.

Cette deuxième partie du Rapport économique et financier (REF) 2014 présente ainsi l’évolution de la situation économique et financière nationale entre 2012 et 2013, sur la base  de la dernière révision des estimations et des prévisions des indicateurs économiques et financiers.

Croissance économique et inflation


L’année 2013 a été caractérisée par la bonne tenue de l’activité économique  pour la quatrième année consécutive et ce, malgré un environnement international peu favorable.

Ainsi, selon les dernières estimations des indicateurs d’activité, la croissance économique s’établit à 6,7% en termes réels en 2013, soit un gain de 0,3 point en comparaison aux prévisions initiales. Ce dynamisme de l’activité économique résulte de la forte reprise de la branche minière et du rythme toujours soutenu des activités de constructions et travaux publics. A contrario, le secteur primaire s’est légèrement contracté. Aussi, ce niveau de croissance reste légèrement en dessous du taux enregistré en 2012 (7%).

Hors secteur pétrolier, la croissance du PIB réel est de 6,8% en 2013, contre 7,2% l’année précédente.

Valorisé aux prix courants, le PIB devrait croitre de 12,2% en 2013, largement au dessus de son niveau de 2012 (1,9%).

 

a) Secteur primaire


Le volume de la production du secteur primaire s’est légèrement contracté en 2013, comparé aux bons résultats enregistrés en 2012. Cette régression est principalement imputable aux contreperformances de la branche pêche, dues aux incertitudes qui ont plané sur la conclusion de l’accord de pêche avec l’Union européenne.

La valeur ajoutée agricole a enregistré une évolution positive remarquable, mais qui n’a pu compenser que partiellement l’importante baisse du sous-secteur pêche.
Le PIB réel du secteur primaire a ainsi enregistré une diminution de 1,1% en 2013, contre une croissance de 10,7% l’année dernière. Cette situation a tiré vers le bas la contribution du secteur à la croissance globale de -0,2 point. Le PIB nominal du secteur dans son ensemble s’établit à 200,4 milliards UM, soit une progression de 9,5% par rapport à 2012.

Consolidation de la reprise de la branche agricole…

Le volume de la production agricole s’est remarquablement progressé en 2013 pour la deuxième année consécutive. Les effets conjugués du bon niveau de pluviométrie et de l’accroissement des superficies irriguées continuent d’avoir des impacts tangibles sur les performances du sous-secteur, dont la valeur ajoutée en termes réels s’est accrue de 16,9% en 2013. Sa contribution à la croissance globale a reculé à 0,6 point, comparé au 1,2 point observé en 2012, année du rattrapage du sous-secteur. Le sous-secteur aurait aussi tiré avantage de la mise en œuvre du programme d’aménagement hydro-agricole en faveur des jeunes diplômés sans emploi et visant à : (i) augmenter les superficies aménagées et mises en valeur, en vue de réduire à moyen terme les importations de produits céréaliers ; et (ii) diminuer le chômage par l’insertion des jeunes diplômés sans emploi.


La valeur ajoutée nominale du sous-secteur est passée de 47,73 à 62,26 milliards UM entre 2012 et 2013, soit une progression de 30,4%. Le poids de la branche agricole dans le PIB global s’est ainsi établi à 4,8%, soit un gain de 0,7 point par rapport à son niveau de 2012 (4,1%).

Timide reprise du sous-secteur de l’élevage, résultat de la régénération  des pâturages…

Après deux années de suite de contreperformances liées à la diminution des pâturages consécutive au déficit pluviométrique, le sous-secteur de l’élevage a montré, en 2013, les signes d’une timide reprise, favorisée notamment par la bonne campagne agricole et les effets positifs de la régénération des pâturages sur le cheptel, après la forte sécheresse qui a frappé les wilayas agro-pastorales en 2011. Il enregistre ainsi une évolution de la valeur ajoutée en volume de 2,1%, et une contribution à la croissance de 0,2%.

En valeur nominale, le PIB du sous-secteur est estimée à 69,11 milliards UM en 2013, contre 63,53 milliards UM l’année précédente, soit une hausse de 8,8% ; mais sa contribution à la formation du PIB global a légèrement baissé se situant à 5,3% en 2013, alors qu’elle était de 5,5% en 2012.

Forte contraction de la production de la branche pêche...

Après une année 2012 au cours de laquelle elle a enregistré son meilleur niveau de production de ces cinq dernières années, l’activité de pêche s’est fortement contractée en 2013, enregistrant une baisse de sa valeur ajoutée en termes réels de près de 27%, soit plus du quart de son niveau de 2012. Cette situation est vraisemblablement liée aux incertitudes qui ont entouré l’adoption, par le Parlement européen, de l’Accord de pêche 2012-2014. Le sous-secteur a ainsi contribué négativement (-1%) à la croissance économique en 2013.

Le PIB nominal de la branche a également fléchi de 3,7% cette année pour se situer à 69,04 milliards UM ; et sa part dans le PIB global s’est établie à 5,3%, soit près d’un point de moins par rapport à son niveau de 2012 (6,2%).

 



Consolidation des secteurs moteurs de croissance et à fort potentiel compétitif…

Le bilan de l’année écoulée a été très satisfaisant pour le secteur secondaire comme en témoigne l’évolution positive des principales branches d’activité sectorielle. Le secteur a ainsi enregistré une croissance soutenue de 15,8%, largement supérieure à celle de l’économie dans son ensemble et à son niveau de 2012 (+5,3%). Sa contribution à la croissance du PIB réel global s’est située à 3,9 points,  contre 1,3 point l’année dernière.

En termes nominaux, le PIB du secteur secondaire se chiffre à  506,81 milliards UM en 2013, soit une augmentation de 16% comparativement à 2012. Son poids dans la formation du PIB est évalué à 38,8%, soit 1,3 point de plus que son niveau d’avant.

Rebond de l’activité minière, moteur de la croissance en 2013…

Dans l’industrie minière, après deux années de résultats médiocres (la valeur de la production en termes réels s’est contractée de 2,3% en moyenne par an entre 2011 et 2012), des performances remarquables ont été réalisées au cours de l’année 2013, reflétées par une croissance de la valeur ajoutée de 22,7% à prix constants, portée par la vigueur observée au niveau de toutes ses composantes.
La contribution à la croissance globale est évaluée à 2,5 points, faisant ainsi des activités d’’extraction minière le moteur de la croissance de l’économie nationale en 2013.
La valeur ajoutée à prix courants du sous-secteur a augmenté de 16,1% passant de 323 à 375 milliards UM entre les deux années (2012 et 2013). Le poids du secteur dans la formation du PIB nominal s’est établi à 26,5% en 2013 après 25,2% en 2012.

L`analyse de l`évolution de la valeur ajoutée en termes nominaux des activités minières montre que :

- la valeur de la production de minerai de fer s’est chiffrée à 207,47 milliards UM, contre environ 180 milliards UM en 2012, soit une croissance de 5,5% ; elle représente 15,9% du PIB global ;

-  la valeur ajoutée de l’or a atteint 97,02 milliards UM, soit une progression de 12,5%, essentiellement sous l`effet de l`accroissement du volume de production (+66%) ;

-   la production de cuivre a connu une forte expansion en 2013 ; la valeur ajoutée de la composante s’est élevée à 41,77 milliards UM, enregistrant un accroissement de 53,4% par rapport à son niveau de l’année précédente.

Poursuite de la trajectoire descendante de la production pétrolière, mais en net ralentissement …

La branche pétrolière demeure marquée par des difficultés structurelles qui se traduisent par une baisse continue de son niveau de production avec, toutefois, un net ralentissement en 2013. La valeur ajoutée de cette branche a ainsi régressé de 2,9% en volume en 2013, contre une baisse de 14% en moyenne sur la période 2009-2012. Sa contribution à la croissance reste nulle.

La valeur ajoutée aux prix courants du sous-secteur a enregistré une diminution de 3,7% en 2013 par rapport à 2012, s’établissant à 28,70 milliards UM ; sa part dans le PIB global est de 2,2%.

Accélération de la dynamique de l’activité des unités manufacturières…

Le niveau d’activité des unités manufacturières, mesuré par l’indice de production industrielle (hors activités extractives), a vu son rythme s`accélérer en 2013 avec une croissance réelle de 9,2%, contre 7,2% en 2012. Ce résultat  trouve sa justification dans l`augmentation du volume de production d’électricité mise à la disposition des unités industrielles. Leur contribution à la croissance globale s’est ainsi très légèrement confortée passant de 0,4% à 2012 à 0,5% en 2013.

La progression de la valeur ajoutée en termes nominaux de la branche  est estimée à 13,7% en 2013, correspondant à 47,30 milliards UM, contre près de 41,60 milliards UM l`année d`avant. Son poids dans la formation du PIB s`est établi à 5%.




Bonne tenue de la branche BTP  mais avec une légère décélération…

Depuis 2010, le sous-secteur des constructions et travaux publics (ou BTP) s’est inscrit dans une nouvelle dynamique reflétée par une croissance soutenue de l’ordre de 14,1% en moyenne annuelle, même si elle connaît un essoufflement en 2013 (+12,3% après +15,6% en 2012 et +17,6% en 2011). Ce rythme de progression fait du sous-secteur l’un des piliers de la croissance économique enregistrée ces dernières années avec une contribution évaluée à 1% en 2013, juste dernière les activités minières.

Les travaux de construction du nouvel aéroport international de Nouakchott ainsi que la mise en œuvre d’autres grands projets portant sur la réalisation d’infrastructures économiques et sociales ont vraisemblablement contribué à la performance remarquable de la branche BTP.

La valeur ajoutée en termes nominaux du sous-secteur a atteint  84,55 milliards UM en 2013, enregistrant ainsi une hausse de 17% ; elle a contribué pour 6,5% à la formation du PIB.

c) Secteur tertiaire


Essoufflement de la dynamique du secteur tertiaire sous l’effet du ralentissement des branches télécommunications et commerce…

L’appui des activités de services (commerce, tourisme, télécommunications…) s’est avéré incontournable pour garantir le développement de l’appareil productif et d’en améliorer la productivité.  Toutefois, l’année écoulée a été caractérisée par un essoufflement du rythme d’activité du secteur, malgré qu’il reste soutenu : +5,2% en valeur réelle, soit un point de moins que son niveau de l’année précédente. Cette baisse du niveau de la croissance est liée au ralentissement important de la croissance des activités des branches « commerce-restaurant-hôtels » (+6,5% après +9,2% en 2012) et des « télécommunications » (+4,8% contre +11,2% en 2012). Hors sous-secteur des administrations publiques, l’activité du secteur tertiaire connaît un ralentissement plus prononcé en 2013 (+6,2% après +8,1% en 2012).
L’essoufflement du rythme de croissance du secteur, conjugué au repli de sa part dans le PIB total, s’est traduit par une diminution de sa contribution à la croissance de la valeur ajoutée totale (passant de 3 points à 2,4 points entre 2012 et 2013).

Valorisée aux prix courants, la valeur ajoutée du secteur tertiaire affiche également une légère décélération en 2013 par rapport à 2012 : +10,2% contre +10,7%. Son poids dans le PIB nominal serait également affecté en 2013 s’établissant à 37,3%, soit une moins value de 0,7 point de pourcentage comparativement à 2012 ; faisant ainsi perdre au secteur sa position de premier contributeur à la formation du PIB au profit du secteur secondaire. En valeur absolue, la valeur ajoutée du secteur est évaluée à 487,46 milliards UM contre 442,43 milliards UM en 2012.
Le tableau ci-dessous donne l’évolution du PIB réel par secteur d’activité et la contribution sectorielle à la croissance économique en 2012 et 2013 :

Secteur/années
2012
2013

Taux de croissance (%)
Contribution à la croissance (%)
Taux de croissance (%)
Contribution à la croissance (%)
Secteur primaire
10,7%
1,8%
-1,1%
-0,2%
Secteur secondaire
5,3%
1,3%
15,8%
3,9%
Secteur tertiaire
6,2%
3,0%
5,2%
2,4%
Taxes indirectes nettes
8,7%
0,9%
5,5%
0,6%
PIB réel
7,0%
7,0%
6,7%
6,7%
Source : Cadrage macro-économique/Autorités mauritaniennes et services du FMI (Septembre 2013)

Le taux d’inflation, mesuré par la variation de l’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation (IHPC), s’est établi à 4% et 4,5% respectivement en moyenne et en glissement annuels sur les dix premiers mois de l’année 2013. Ce résultat est dû à l’application d’une politique monétaire accommodante et aux mesures prises à la faveur de la consolidation du pouvoir d’achat des ménages, notamment la poursuite et le renforcement des activités des boutiques solidarité (Programme EMEL 2012). L’évolution des prix ne devrait pas dépasser 4,2% en moyenne sur les douze mois de 2013.





Secteur extérieur


Pour la deuxième année consécutive, les échanges extérieurs de la Mauritanie se sont réalisés dans un environnement peu favorable. Dans ce contexte, la demande étrangère de marchandises adressée à la Mauritanie au titre de 2013 devrait se contracter d’environ 1,4% en valeur sur l’année, malgré la bonne tenue des exportations du minerai de fer qui se sont accrues de 9,2%. Cette contraction tient à la faible performance du secteur de la pêche liée au retard de conclusion de l’Accord de pêche avec l’Union Européenne.

Les importations fob se seraient inscrites en quasi stagnation (baisse de 0,6%) due au recul (-5,8%) de la valeur des importations d’équipements destinées aux industries extractives, tandis que celles prévues pour les travaux de construction du nouvel aéroport international de Nouakchott enregistrent une hausse significative passant à 120 millions de dollars US, soit 50% de plus que son niveau de 2012. Le secteur des industries extractives continue, toutefois, d’occuper le premier poste des importations de biens avec une facture évaluée à 1.527 millions de dollars US en 2013 (48,4% de la valeur des importations de biens).

Ces évolutions se traduiraient par une détérioration du déficit de la balance commerciale qui se situerait à 551,3 millions de dollars US à fin 2013, contre  près de 534 millions  de dollars US en 2012.

La balance des services et revenus s’est caractérisée par un solde structurellement déficitaire. Les principaux facteurs explicatifs de cette situation sont : (i) l’accroissement du volume des transactions avec l’extérieur ; (ii) le renchérissement du coût des transports lié notamment à l’augmentation des cours du pétrole ; (iii) l’accélération des rapatriements des profits des sociétés minières (hors SNIM) ; et (iv) la hausse des paiements au titre des intérêts sur la dette extérieure. Ce déficit serait ainsi établi à un peu plus de 978 millions de dollars US, en amélioration, toutefois, comparativement à son niveau de l’année précédente (1.082,2 millions de dollars US). 

Dans le même sillage, les transferts officiels à destination de la Mauritanie ont subi un repli de plus de moitié (-51,4%) en 2013 pour s’établir à 159,2 millions  de dollars US, reflétant la forte baisse enregistrée au niveau de la composante « transferts officiels » qui a représenté plus de 85% de ce poste en 2012 ; conséquence de la crise que traversent les pays donateurs. 


Il en résulte un déficit du compte courant qui reste élevé se situant à 1.370,4 millions de dollars US (32,2% du PIB), contre 1.289 millions de dollars US (32,8% du PIB) en 2012.

Le solde excédentaire habituellement dégagé au niveau du compte de capital et d’opérations financières aurait nettement diminué en 2013, pour s’établir à 1.314,8 millions de dollars US, contre 1.906,8 millions de dollars US l’année précédente, soit une contraction de près d’1/3, imputable à la baisse à la fois des investissements directs étrangers et des tirages sur emprunts extérieurs.  

En effet, les flux nets d’investissements directs étrangers (75% des opérations financières en  2012) ont subi une nette diminution (-23%) en 2013 pour se situer à 1.085 millions de dollars US, après 1.409,6 millions de dollars US l’année d’avant, affectés vraisemblablement par le recul des investissements dans le secteur aurifère à la suite du fléchissement des cours du métal jaune sur le marché international.

Dans ce contexte et après trois (3) années successives de solde excédentaire, la balance des paiements a renoué avec une situation déficitaire en 2013, dont le niveau est estimé à 55,6 millions de dollars US.

Les réserves officielles de changes resteraient à niveau confortable se chiffrant à 907 millions de dollars US, soit l’équivalent de 7,2 mois d’importations de biens et services à fin décembre 2013, contre 7,0 mois en 2012. Le renforcement du niveau des réserves a été favorisé par le maintien de l’orientation flexible imprimée à la politique du taux de change.


Le stock de la dette publique extérieure globale est estimé à près de 4.055 millions de dollars US à la fin de l’année 2012, représentant 103,1% du PIB, contre 64% en 2011. Cette évolution s’explique essentiellement par l’accélération des tirages qui s’est traduite par un solde positif des flux extérieurs (nets). La structure de l’encours de la dette extérieure reste marquée par la prépondérance des créanciers bilatéraux avec 51,3% du total de la dette. La dette passive représente encore près du quart de l’encours de la dette totale en 2012. Aussi, les efforts en vue d’un traitement des arriérés au titre de cette catégorie de dette se sont poursuivis en 2013 eu égard aux marges, en termes de capacité d’endettement, susceptibles d’être dégagées une fois les allègements obtenus auprès des créanciers concernés. L’encours sans arriérés est estimé à 3.046,4 millions de dollars US (77,5% du PIB) en 2012, prédominé par les créanciers multilatéraux avec 64,6%. Le stock total de la dette attendu à fin 2013 serait évalué à 3.976 millions de dollars US.     

Sources : tariouvete.info

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