Edido

lundi 23 juin 2014

Ma plus grande frayeur ce 21/06


Ce samedi 21 juin je me suis levé plutôt que d’habitude, après avoir pris les trois verres de thé rituels je me suis dirigé vers les bureaux de vote. J’avais des appréhensions, beaucoup d’appréhensions. Il y a le Front qui nous a invités à boycotter avec des menaces sous-jacentes. On a parlé des feux du Vésuve et des flammes de l’Etna. C’est tout juste si on n’a pas parlé des feux de l’Enfer.

Je me suis donc dirigé vers le bureau 23 de l’école 9 de Nouadhibou. Auparavant j’ai pris les dispositions nécessaires. C'est-à-dire que j’ai fait mon testament et j’ai dit adieu à Madame et aux enfants. Je leur ai demandé pardon, la mort dans l’âme.

Arrivé en vue de l’école 9 j’aperçois un mouvement de foule devant l’établissement. Je prononçai la Basmallah. Bon il était 6 h 30 du matin et on nous avait promis une ville morte. Donc forcément ça ne pouvait être que des diables. Il est à noter que la dernière chose que j’ai lu ce soir-la était un communiqué du Front. J’en ai même oublié les incantations habituelles.


En entrant dans l’enceinte de l’école mes cheveux se dressèrent sur ma tête. Suite logique des choses car en entrant j’avais déjà la chair de poule. La cour était bondée de monde. Ai-je la berlue ou m’a-t-on jeté un sort ? J’ai cligné des yeux et je me suis pincé. L’image reste, entêtée. Complètement groggy j’ai regardé ceux qui avaient provoqué ma frayeur.

 Il y avait là un vieux, avenant et l’air sympathique. Je me suis dit que même un diable ça doit s’assagir avec l’âge. Je me suis donc approché de lui et je lui ai dit que je ne me sentais pas bien. Je lui ai demandé en conséquence de lire un peu de coran pour moi.

Répondant à ma requête le vieux commença à murmurer. Résistant à l’envie de prendre mes jambes à mon coup je me suis résigné bien malgré moi à lui demander à lire à haute voix.

Grande est ma joie quand il commença à égrener à haute voie les paroles sacrées d’ayat El Koursi. L’effet du Saint Coran est toujours extraordinaire sur l’homme. Du coup mes peurs et mes appréhensions s’envolèrent par enchantement. Il s'agissait bien d'hommes, en chair et en os, comme moi qui venaient voter.

Ayant retrouvé l’usage de mes facultés mentales j’ai alors consulté mon téléphone qui m’indiquai un message. Le message disait que pour trouver sa position sur la liste électorale il fallait envoyer son numéro national d’identification par sms au 1717.

C’est alors que je me suis rendu compte que j’avais oublié ma carte d’électeur et que mes chaussures ne rimaient pas. L’une d’elles ne m’appartenait pas.  Je ne parlerai guère de ma tenue vestimentaire, elle ne valait pas mieux.

Ayant consulté le 1717 je reçus mes coordonnées sur la liste. Enfin tranquille je pus discuter avec mes compagnons du rang. Certains me demandèrent de leur chercher ou de leur confirmer leurs positions respectives. Ce que je fis avec plaisir tout le long de la journée après m’être acquitté de mon devoir civique.

La journée fut riche d’enseignements. J’ai compris qu’il ne fallait pas toujours croire ce qu’on lit ou ce qu’on entend. Que certains cherchent à nous diviser. Que la situation étant sous contrôle ils cherchent à créer le chaos.

J’ai également compris que ceux qui veulent changer le pouvoir n’en ont pas les moyens et qu’ils comptent sur nous pour le faire pour eux. Que les mauritaniens soutiennent massivement le pouvoir en place, ses hommes et ses réalisations. Que certains pensent être plus compétents et plus légitimes que les hommes du régime en place.

 A-t-on le droit de mettre en péril l’existence d’une nation pour assouvir des instincts personnels ?


Sidi O.H

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire