Edido

vendredi 3 janvier 2014

La paix, d’abord…

La paix, d’abord…
Tout un chacun espère une vie heureuse où il ne manque ni de dignité ni de confiance en soi. Mais sitôt qu’autrui ne respecte pas nos valeurs, la paix s’évanouit. Nous le vouons à la marginalisation et la défaite, tandis qu’il nous perçoit en malfaiteurs, répandant l’injustice sur la terre de Dieu. 


Cette contradiction nous pousse à combattre, lutter pour l’honneur, la liberté ou la richesse. Mais, aussi, pour être à l’abri de tout ce qui pourrait gâter notre position et notre réputation, en humain distinguant clairement la vérité de l’erreur, le bien du mal. 



C’est l’humanité qui nous galvanise pour témoigner de cette force majeure. On ne vit que pour soi et le monde n’a, peut-être, jamais été sur le bon chemin à notre égard. C’est, du moins, ce qu’on pense, lorsque nos intérêts nous paraissent menacés. Mais, si c’était le cas, la paix qu’on recherche ne serait jamais vécue. 



Aussi prônons-nous la coopération, le développement, la souveraineté, la diplomatie, la solidarité, la diversité, le partage de la fortune, l’équité, la garantie du droit, la justice, la démocratie… Chacun d’entre nous exhorte à la cohésion sociale, au progrès, à la protection de l’environnement, aux intérêts communs, au secours mutuel, au traitement des malades, à l’éducation, à la lutte contre la pauvreté, à la sécurité préventive, la gestion de conflit et la consolidation de la paix. 



Tout cela pour, simplement, vivre en paix. Oui, nul ne s’avise à dénier la beauté de ces mots, parce qu’on tient, tous, à éviter le malheur. Pour être en paix, il nous faut commencer par les réciter, s’en imprégner, en méditer le sens.



On le pressent tous : dès qu’on parvient à vivre en harmonie avec ses semblables, les cœurs s’épanouissent, en pleine jouissance de la paix. Mais comment y parvenir ? En récitant les mots susdits ? Non, pas seulement, bien sûr, et pas obligatoirement ; mais, nécessairement, en les pratiquant et en concrétisant leurs nobles valeurs. 



Dès qu’on commence à comprendre qu’on ne peut pas vivre sans autrui, que ce soit en intimité ou en public, au niveau national ou international, dès qu’on saisit les racines de l’humanité, dès qu’on entend que l’Autre possède les même forces et ambitions que les nôtres, qu’on abandonne préjugés et stéréotypes qui tendent à diaboliser autrui, alors, la paix des braves approche, devient certaine.



Hommes et femmes, jeunes et anciens, blancs, noirs et métis, bien-portants, malades et handicapés, nous vivons, c’est évident, tous, bon gré, mal gré, sur la même terre, sur la même surface et visons, tous, la même paix, non parce que nous avons des traits semblables, non parce que nous buvons la même eau et mangeons le même pain, non, pas du tout. Derrière toute cette obligatoire homogénéité de façade, palpite la réalité de cet univers, de cette planète, de l’univers tout entier, où tout être à besoin d’autrui.



Un jour, des humains fondèrent une nation, une patrie, un pays, pour mieux s’adapter à leurs nécessités de vie et se familiariser avec le monde extérieur, un établissement qui délimite des valeurs traditionnelles et des frontières géographiques, au lieu de s’évaporer dans la brousse et le nomadisme, au lieu de négliger le progrès du monde. 



Ils ont construit une entité étatique, apte à absorber toute les différences et assez vaste pour agglomérer sans incarcérer. L’Etat vit le jour, alors que personne n’imaginait ce qu’impliquait, de rigidité, la vie dans les maisons, les palaces et les rues, à Nouakchott ou ailleurs, en ces cités où pâturages et animaux sont exclus.



Il fallait devenir citoyen. Capable de s’adapter aux circonstances nouvelles, à son nouvel environnement, le bédouin, le nomade est devenu enseignant du courant, marabout, travailleur, soldat, guerrier, commerçant, administrateur, intellectuel ou, simplement, un mauritanien d’après le 28 Novembre 1960. 



Les maux et les problèmes furent nombreux, le sont encore mais l’intelligence mauritanienne, qui fait sa raison, jugement et tolérance, même aux moments difficiles, n’a cessé, ne cesse et ne cessera de rechercher la réalité d’une situation où tout est mélangé, tout est avancé, afin de prendre place dans la sphère de la civilisation.



La Mauritanie a, toujours et encore, besoin de gens fermement tenus à hier mais soucieux de l’actualité et l’avenir. Ces gens, c’est tout un chacun de nous. Personne ne peut se cacher ou hésiter à tendre la main, afin de construire un Etat de droit, un Etat conscient de son histoire, un Etat protégé, par tous ses citoyens, dans l’élan du développement. Il est erroné d’attribuer, à une seule personne, l’avancée ou le retard de développement d’un pays. 



Tout comme il est stérile de glorifier une seule personnalité, pour les acquis obtenus par les mains de tous les citoyens. Nous sommes, tous, comptables des réussites et des échecs de la Nation. Quand on agit, tous ensemble, pour la cohésion sociale, alors, tous les défis seront relevés. N’importe qui peut vivre aisément et dignement, grâce à la conscience collective de la nécessité de se réconcilier. 



Nous formons un seul corps : Faisons, d’abord, la paix, chacun d’entre nous, avec tous nos concitoyens.



Ahmed Ould Elhamed




Source : Le Calame via Cridem

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire