Ma plus grande frayeur ce 21/06
Ce samedi 21 juin je me suis
levé plutôt que d’habitude, après avoir pris les trois verres de thé rituels je
me suis dirigé vers les bureaux de vote. J’avais des appréhensions, beaucoup d’appréhensions.
Il y a le Front qui nous a invités à boycotter avec des menaces sous-jacentes.
On a parlé des feux du Vésuve et des flammes de l’Etna. C’est tout juste si on
n’a pas parlé des feux de l’Enfer.
Je me suis donc dirigé vers le
bureau 23 de l’école 9 de Nouadhibou. Auparavant j’ai pris les dispositions nécessaires.
C'est-à-dire que j’ai fait mon testament et j’ai dit adieu à Madame et aux enfants. Je leur ai demandé pardon, la mort dans l’âme.
Arrivé en vue de l’école 9 j’aperçois
un mouvement de foule devant l’établissement. Je prononçai la Basmallah. Bon il
était 6 h 30 du matin et on nous avait promis une ville morte. Donc forcément ça
ne pouvait être que des diables. Il est à noter que la dernière chose que j’ai lu
ce soir-la était un communiqué du Front. J’en ai même oublié les incantations
habituelles.
En entrant dans l’enceinte de l’école
mes cheveux se dressèrent sur ma tête. Suite logique des choses car en entrant
j’avais déjà la chair de poule. La cour était bondée de monde. Ai-je la berlue
ou m’a-t-on jeté un sort ? J’ai cligné des yeux et je me suis pincé. L’image
reste, entêtée. Complètement groggy j’ai
regardé ceux qui avaient provoqué ma frayeur.
Il y avait là un vieux, avenant et l’air
sympathique. Je me suis dit que même un diable ça doit s’assagir avec l’âge. Je
me suis donc approché de lui et je lui ai dit que je ne me sentais pas bien. Je
lui ai demandé en conséquence de lire un peu de coran pour moi.
Répondant à ma requête le vieux
commença à murmurer. Résistant à l’envie de prendre mes jambes à mon coup je me
suis résigné bien malgré moi à lui demander à lire à haute voix.
Grande est ma joie quand il
commença à égrener à haute voie les paroles sacrées d’ayat El Koursi. L’effet
du Saint Coran est toujours extraordinaire sur l’homme. Du coup mes peurs et
mes appréhensions s’envolèrent par enchantement. Il s'agissait bien d'hommes, en chair et en os, comme moi qui venaient voter.
Ayant retrouvé l’usage de mes
facultés mentales j’ai alors consulté mon téléphone qui m’indiquai un message.
Le message disait que pour trouver sa position sur la liste électorale il
fallait envoyer son numéro national d’identification par sms au 1717.
C’est alors que je me suis
rendu compte que j’avais oublié ma carte d’électeur et que mes chaussures ne
rimaient pas. L’une d’elles ne m’appartenait pas. Je ne parlerai guère de ma tenue
vestimentaire, elle ne valait pas mieux.
Ayant consulté le 1717 je reçus
mes coordonnées sur la liste. Enfin tranquille je pus discuter avec mes
compagnons du rang. Certains me demandèrent de leur chercher ou de leur confirmer leurs positions respectives. Ce que je fis avec plaisir tout le long de la
journée après m’être acquitté de mon devoir civique.
La journée fut riche d’enseignements.
J’ai compris qu’il ne fallait pas toujours croire ce qu’on lit ou ce qu’on entend.
Que certains cherchent à nous diviser. Que la situation étant sous contrôle ils cherchent à créer le chaos.
J’ai également compris que ceux
qui veulent changer le pouvoir n’en ont pas les moyens et qu’ils comptent sur
nous pour le faire pour eux. Que les mauritaniens soutiennent massivement le
pouvoir en place, ses hommes et ses réalisations. Que certains pensent être
plus compétents et plus légitimes que les hommes du régime en place.
A-t-on le droit de mettre en péril l’existence d’une nation pour assouvir des instincts personnels ?
A-t-on le droit de mettre en péril l’existence d’une nation pour assouvir des instincts personnels ?
Sidi O.H
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