En Mauritanie le choix des
hommes, appelés à occuper de hautes fonctions , s’est toujours déroulé dans l’opacité
la plus totale. En effet seuls les plus affairés et les plus rentabilisables
politiquement accédaient aux commandes des institutions publiques. Ce faisant
on leur accordait une marge de manœuvre illimitée et inégalée. La hiérarchie et
la tutelle sont neutralisées, les règlements et les lois sont suspendus. Les abus pouvaient
commencer.
Ces privilégiés n’étaient au bureau que pour signer des chèques
des bons de commande. Ils n’avaient ni
le temps, ni les compétences pour gérer ces firmes qui leur sont confiées. Pour
cela ils se déchargeaient sur des collaborateurs plus compétents, plus expérimentés.
Ce sont des cadres sérieux et intègres qui croient en ce qu’ils font et ne
comptent que sur le mérite pour avancer et qui se trouvent pris dans un cercle
vicieux, devant un dilemme. Partir ou rester. Partir c’était démissionner et
rester les exposait à un diktat injuste et insensé. Ils ont courageusement
décidé de rester pour sauver ce qui peut l’être mais surtout pour que le pays
ne sombre pas.
Cet état de fait créait une
situation plus qu’équivoque. Le patron tirait à lui la couverture et encaissait les avantages matériels. Les collaborateurs
abattaient tout le travail et subissait toutes sortes de tracasseries. Quand l’un
d’eux demande l’entretien de son véhicule il se voit sermonner. Pourtant les
moyens ne manquent pas. Le boss du moment et sa suite nagent dans l’opulence,
les autres on les affame et les tue à la tache.
Ce sont précisément ces hommes,
maltraités et privés de tout qui détiennent le savoir-faire et le faire-savoir qui font tout le travail.
Ce sont ces hommes-là qui sont mis en avant quand il y a une délégation étrangère,
qui sont sollicités quand il y a un rapport ou une formation à faire et même
pour un nouveau manuel de procédures.
Les choses allaient changer et
radicalement . En effet en 2009 un homme écœuré par la pagaille qui règne et l’hypocrisie
ambiante est élu Président de la République aux suffrages universels. Sa
particularité : il est venu avec un programme. Sa force : son courage
et sa pugnacité. Ses atouts : sa connaissance de la Mauritanie et surtout
des mauritaniens.
Avec son avènement les privilèges
tombent, plus personne n’est intouchable. L’une des premières dispositions qu’il
a prises c’est la réhabilitation des cadres compétents qui peuplaient les
garages et les bureaux obscurs. Le nouveau chef de l’exécutif est allé droit à
eux, il les connaissait par le nom. Ils ne lui ont pas été recommandés. Il les
a chargés de réhabiliter l’état, de restaurer sa crédibilité et sa solvabilité.
Il leur a tracé les grandes lignes. Les choses n’ont pas traîné, nos nouveaux
promus savaient par où commencer et où aller. Résultat la Mauritanie renoue
avec la croissance qui avoisine les 6 % maintenant, les créanciers sont mis en
confiance. Je dirai mieux ils sont payés et à temps. Du jamais vu. Les fournisseurs s’arrachent
les bons d’engagement et les banques primaires les chèques trésor.
Malgré un environnement hostile
et les coups bas une nouvelle classe d’administrateurs est sorti du lot et a
acquis ses lettres de noblesse. Ils ne demandaient qu’une occasion de servir
leur pays. Ils l’ont eu et ont pu démontrer leur patriotisme et leurs compétences.
Le pays leur doit une fière chandelle pour l’avoir sorti du bourbier. Thiam
Diombar est l’un de ses hommes. Il leur ressemble, ils lui ressemblent. Mais Thiam
c’est aussi une certaine Mauritanie, une certaine idée de la Mauritanie.
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