Les candidats à la présidentielle
en Mauritanie ont plié plus de la moitié du délai qui leur est imparti pour
convaincre. Ils s’y sont attelés avec des joies et des fortunes diverses. Le
pays est vaste cela demande des moyens, les électeurs sont disparates et pour
cela il faut jongler avec les sensibilités des uns et des autres sans se
contredire, exercice difficile et périlleux. Dans cet article nous essayerons
de cerner le contour des candidats, leur potentiel et leur chance.
Ibrahima Moctar Sarr : En se présentant à la présidentielle l’homme a fait preuve de courage et de discernement. Beaucoup des siens critiquent sa candidature et il a fait fi de ces critiques. Ibrahima Sarr aura agi par pragmatisme et pour des contraintes de realpolitik. Ce faisant il a fait des choix qui se défendent. Ainsi en apparaissant comme un interlocuteur crédible et sérieux il engrange des bénéfices politiques appréciables et pourra peser dans la balance lors du règlement des grands dossiers et de la prise de décisions à l’échelle nationale.Il sera également présent et bien placé pendant la répartition des dividendes. D’autres ont choisi la voie de la confrontation avec les résultats connus. IMS jouit de beaucoup de soutiens et fera certainement un score honorable. Avec la reconnaissance d'une nation pour les efforts qu'il déploie pour cimenter l'unité nationale.
Lalla Mariem Mint Moulaye Idriss : C’est la seule femme du lot
et sa participation à cette échéance confirme les progrès réalisés par le pays
dans la thématique genre. C’est la note douce de cette campagne. Ses atouts
sont sa compétence et son expérience ainsi qu’un formidable réseau d’amis et de
sympathisants tissés au fil des ans. Très galants les mauritaniens lui donneront
un score honorable que renforcera le soutien des femmes.
Biram Ould Dah Ould Abeidy : il doit sa renommée à son discours
radical et à ses actes différemment appréciés. Dés le départ il a inscrit son
action dans l’émancipation des siens. Chemin faisant l’appétit est venu et
résultat il se présente aux présidentielles. C’est le supplice de Tantale pour
celui qui avait reçu le prix des nations unies pour les droits de l’homme. L’homme
a toujours vilipendé les maures, surtout les Zwayas. Détenteurs du secret des
signes cabalistiques et un grain vindicatifs, les Zwayas ont tendance à rendre
coup pour coup. Cela promet. Mais en Mauritanie si certains taxent les maures d’esclavagistes
et les présentent comme une minorité il est difficile cependant de se passer de
leurs moyens et de leur poids électoral. Dans tous les cas l’homme doit
convaincre qu’il n’est pas là uniquement pour ses frères de sang et s’il y arrive il
aura franchi un pas important vers le Palais ocre. Difficile de concilier la fougue identitaire qui lui a valu sa popularité avec les contraintes liées aux prétentions présidentielles. Il fallait y penser avant.
Boidiel Ould Houmeyd : L’homme a occupé de hautes fonctions et
les mauritaniens gardent de lui de bons souvenirs. Il se place de prime abord
contre l’éclatement de la composant maure en deux camps opposés. Il inspire
confiance à tout le monde et il peut compter sur un puissant réseau de cadre
qui le soutient ainsi que sur des chefferies traditionnelles. En plus il est très
populaire et séduit par son caractère généreux et affable. En se présentant à
la présidentielle il s’est assuré des moyens de sa campagne et a jaugé ses
chances avant de se lancer dans la bataille. Ould Houmeyd sera certainement du nombre des hommes les plus influents de la Mauritanie de l'aprés 21 juin qui verra pas mal de changements.
Mohamed Ould Abdel Aziz : L’homme peut s’appuyer sur un mandat
présidentiel très positif. Il a révolutionné la vie politique, brisé des
tabous, cassé des privilèges, cela ne crée pas forcément que des amis. Les
performances macro-économiques sont saluées par la communauté internationale et
les partenaires au développement. Sur le plan local des montants faramineux ont
été investis dans le développement économique et social. Il bénéficie du
soutien de puissantes tribus et des milieux financiers. Tous les ingrédients
qui concourront à sa élection sont réunis. Même le manque de discipline
remarqué chez certains des membres de sa campagne, un certain cafouillage et la
marginalisation des cadres et notables locaux ne sauraient influer la tendance.
Les mauritaniens sont décidés à réélire Ould Abdel Aziz et ils le feront.
Le FNDU : C’est le sixième candidat et certainement le plus
acharné. Elle joue son va-tout. Normal, Ould Abdel Aziz lui a tout pris. L’Union
Européenne, les Nations Unies, l’Union Africaine et les chancelleries ne jurent
que par lui. Des réalisations concrètes et palpables ont mis à mal l’opposition
radicale et vidé de sens son discours. Il ne lui reste pas beaucoup de choix.
Soit se saborder en continuant sur sa lancée actuelle, soit inverser la vapeur
avec à la clé un compromis avec le vainqueur des élections du 21 Juin. Une
chance qui ne s’offrira pas toujours ni longtemps. La communauté internationale
reconnaîtra les résultats qui sortiront des urnes le 21 juin et avec les problèmes
de l’Irak, de la Libye et de l’Ukraine elle aura d’autres chats à fouetter que
d’écouter la litanie d’une opposition qui s’est beaucoup illustrée par ses
plaintes et ses gémissements.
Bowbally
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